J'avais 6 ans. Ou peut-être 9. Qu'importe ? C'est une notion abstraite.
Autant que la morale humaine.
J'allais souvent dormir chez mon grand-père. Il venait me souhaiter bonne nuit et me faire un bisou.
Il a commencé à m'en faire sur la bouche. Légers. Et puis passionnés. "C'est notre petit secret" disait-il.
Puis ses mains ont commencé à se balader. Je me souviens de l'avoir empêché. Je me souviens qu'il y est arrivé. Je me souviens du toucher tranchant de ses ongles dans mon vagin. Je me souviens de la douleur. Je me souviens des questionnements, des doutes, des incompréhensions.
Mais je me souviens surtout de la culpabilité. La culpabilité que je ressentais -que je ressens, d'avoir eu envie de ses bisous. De lui avoir demandé chaque soir de venir me dire bonne nuit. L'ai-je cherché ? Ai-je aussi peu de morale que lui ?
Et pourtant, je n'ai jamais eu envie de ces abus. Je ne les ai jamais demandés. Je me souviens lui avoir dit non. Je me souviens les avoir refoulés. Alors, pourquoi me suis-je laissée faire ?
Je me souviens surtout de toutes ces fois où il a essayé de me toucher à nouveau. Toutes ses mains perdues sur mes habits dès que je le vois. Et pourtant, je n'arrive pas à le haïr.
Je n'arrive pas à le haïr, et je n'arrive pas à faire l'amour non plus.
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