Je me suis perdue

Relation
L'auteur
le 25/1/17
Commençons par le commencement. Qui suis-je et quel parcours ai-je traversé pour en arriver là ?
Je n'ai jamais été comme les autres. Très vite consciente du monde qui m'entoure, je me souviens encore de tout ce qu'il se passait dans ma tête vers mes 2-3ans avec précision et à travers mes yeux alors d'enfant.
Petite section maternelle, atelier peinture dans ma classe. Mes camarades mélangent toutes les couleurs en un gros rond marron-noir. Moi, j'ai dessiné une autoroute avec les lignes de démarcation, de l'herbe et des arbres sur le bord de route et deux voitures, une rouge et une bleu. Mes camarades m'entourent émerveillés. Je suis déjà une petite artiste dans l'âme.
Moyenne section maternelle. On colorie au feutre et je lis sur les miens "pomme" ou encore "banane". La maîtresse interloquée m'en tend un autre et me demande de lire; je le fais. Elle me prend alors par la main et me mène au tableau. Elle écrit" papa" que je lis sans difficultés. Mais deuxièmes mots, j'hésite. Elle a écrit "maman" et je le sais parfaitement, je reconnais les lettres. Mais il y a ce "an" à la fin, je suis sûre qu'il a une prononciation spécifique; j'hésite, puis-je vraiment dire "mamane" ? Le soir, ma maîtresse parle avec ma mère. Je sais déjà lire, je dois sauter une classe. Maman refuse.
Je déménage
Primaire. J'adore l'école c'est génial. Je préfère aller à l'école qu'à Disneyland, je pleure quand papa m'annonce notre sortie ! Je suis madame je sais tout. J'ai 18-19 de moyenne, tout le monde rigole bien avec moi, mais je suis plus petite de taille que tous les autres. Un groupe de filles n'arrête pas de me voler mes amies, les retourner contre moi, m'intimider en récré, faire des plans contre moi quand je m'absente... On finit par me raquetter et j'essaie de voler de l'argent à mami avant de craquer et tout raconter. Maman fait un scandale et arrange tout. Les filles ont eu peur.
CM1, pour la première fois de ma vie, j'ai dis à quelqu'un sur un ton méchant "arrête de faire ça", une joie s'immisce en moi. Alors c'est ça avoir de la force ? Après ça, je ne me suis plus laissé faire et ai même rangé des filles du groupe de mon côté.
Collège. Je déménage en cinquième.
Ici, nous ne sommes plus en région parisienne. C'est une ville en campagne. Les gens sont bizarres, ont un comportement étrange. Il y a cette rousse à lunette qui m'a hais à la première seconde, moi qui me suis bien présentée. Bandana dans les cheveux, manteau au col en fourrure... J'ai voulu mettre le paquet pour être appréciée, mais on m'a jalousé.
Les semaines passent. Mes résultats sont encore dans les 17, je suis toujours madame je sais tout, pourtant je n'ai ni le physique cliché ni la personnalité cliché. Tout le monde ris à en pleurer avec moi. Mais je reste "celle qui les prend de haut". Il y a les habituelles gamineries de t'es ma copine t'es pas ma copine;j'en ai marre, les veilles de rentrée de vacance je stresse tellement que je pleure. Je n'aime pas les gens. Ils sont idiots. Méchants. Un jour la fille qui joue à la balle de ping-pong entre moi et la rousse me dit "Mais tu sais, en fait ce qu'on aime pas, c'est qu'à côté de toi on se sent idiots. Tu sais toujours tout, et on se sent inférieurs". J'ai pu confirmer la phrase de tous les parents "laisse les elles sont jalouses de toi".
Mon esprit critique est de plus en plus aigus, j'ai soif de découverte, d'anecdotes, de savoir, de philosophie... Je veux parler avec les grandes personnes mais je sais que mon âge me fait défaut. Je ne veux pas qu'on croit que je joue aux grandes. Pitié, voyez comme je m'ouvre quand une grande personne ouvre un sujet sérieux avec moi! Si vous saviez comme je suis dans ma tête !
Classe de 3e. Le décalage entre moi et les autres est devenu insupportable. Vous êtes lents. Idiots. Irréfléchis. Immatures. Inconscients. Je les observe tellement en classe que mon crâne va exploser. Le moindre de leurs mouvements, leur respiration, leur regard... J'étouffe. J'en peux plus. C'est médiocre, médiocre. Une bande de médiocres partout. STOP.
Tout s'enchaîne alors très vite. À la rentrée je suis malade alors m'absente. Puis reviens et suis immédiatement malade de nouveau. Je remarque que c'est l'école qui me rend malade. Puis palpitations, crises de panique, je vais mal, je dois sortir! Ça va crescendo jusqu'à ce que je pleure seule dans le couloir. Deux profs s'inquiètent mais ma prof principale s'en fou et impossible d'avoir rdv avec le proviseur. Ma meilleure amie m'abandonne, elle a été manipulée par des populaires quand j'étais pas là. Mediocre. Lâche. C'est le coup de grâce, je parle à ma mère, je ne peux plus aller en cours je vais mal, elle doit me croire..... Elle me prend au sérieux et je lui explique comment ça a commencé. Elle ne me croit pas mais prend immédiatement rdv dans une école privée. On est à 2 mois du brevet et je change d'école. Mais idem, impossible d'y aller je vais mal, laissez moi ! Le proviseur m'accorde des horaires spéciales pourvu que je ne sois pas déscolarisée.
Ma psy dis que je suis phobique scolaire. C'est moi qui ai souhaité la mener vers cette conclusion et elle a plongé dedans dès la 2e h d'entrevue. Elle aussi elle est médiocre. Je fais une phobie sociale qui suit par une dépression, rien ne va plus j'ai des crises d'hystérie et de larmes à la maison. C'est un trop plein qui éclate d'un coup.
J'ai porté des années un masque d'insensible et ai supporté l'harcelement moral de ma famille et l'idiotie des autres élèves et j'ai craqué d'un coup sans explications. À la fin je ne vais plus en cours. J'ai mon brevet avec 16 de moyenne et je suis délivrée de l'école.
Je suis extrêmement fragile, un rien me fait pleurer, me blesse, ça m'entraîne des problèmes hormonaux, ma famille pense qu'on a abusé de moi et que je n'en dis rien.
Lycée.
Tout commence bien. Mais rapidement je me sens épuisée physiquement et moralement. Un jour je ne me lève pas du lit et ma mère devient folle, elle n'en peut plus. Elle me jette de chez moi et je reste deux semaines chez ma grand-mère. J'hésite à chaque instant à me jeter sous une voiture, me perdre dans un coin sombre histoire de finir violée et assassinée... Je souhaite me faire du mal sans jamais passer par la mutilation. Ça sera bien fait pour tout le monde quand je vais crever. J'espère qu'ils s'en voudront tous, qu'ils souffriront toute leur vie, qu'ils seront punis.
Mon grand frère est plus que jamais présent pour moi. Mais je ne suis que l'ombre de moi-même. Une haine grandit en moi envers ma mère et ma famille essaie de me raisonner et prendre sa defense. Un jour mon frère arrive quand je suis chez ma grand-mère et me dit "je vais appeler papa". Il vit à l'étranger. On parle, et j'en ai tellement marre de tout que je dis "oui". "Oui je viens vivre chez toi à l'étranger". Je m'en fou. Je veux juste sortir de mon gouffre. Peu importe où, peu importe mon âge et l'importance de cette décision. On me promet bonheur, j'accepte. Je me sens écoutée. J'accepte.

Ma réaction : 😯 😔 😠 👏

Réponses (12)
Anonyme
le 2/2/17
1
Tu devrais suivre un enseignement spécialisé, il y en a constitués uniquement d'élèves différents avec très peu de gens par classe et un bon suivi.
Anonyme
le 4/2/17
> "Excuse mon manque de tact ; ne penses-tu pas que ta mère t'en voudrait peut-être plus de lui avoir caché la vérité ? De lui avoir dissimulé qu'elle n'avait pas pu te protéger ?"

Excuse-moi, ce commentaire ne devait pas être sur ce post, je ne sais ce qui s'est passé. Milles excuses pour le dérangement.

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